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Photo du rédacteurValérie ROCHERON

Quand Pluton donne la Mort...

Dernière mise à jour : 1 nov. 2023


Dernière planète de notre système solaire et donc la plus lointaine, c'est aussi la plus petite et la plus lente. On lui attribue la maîtrise du signe du Scorpion. Les Anciens le faisaient régner sur les Enfers, un lieu sombre mais pourvu de richesses considérables si on acceptait d'y descendre.


En astrologie, Pluton est associé au principe de résilience, de régénération et transformation. Un cycle se termine, ce qu'il a produit doit mourir pour laisser place au renouveau.

Dans un contexte transgénérationnel, le natif ressent le besoin de transformer l'héritage ancestral.


Certains êtres intègrent naturellement les énergies plutoniennes, activent les changements nécessaires avec fluidité et les considèrent comme partie intégrante de leur cycle de vie. Pour d'autres, c'est plus compliqué. Les scénarios de rupture et de fin sont difficiles à vivre. Ils génèrent de la peur car on a le sentiment de perdre le contrôle de sa vie et de rester coincé dans une souricière.


Pour tout individu, le Chemin de Vie est marqué d'importantes étapes au cours desquelles il est possible d'effectuer les transmutations plutoniennes. Elles se caractérisent soit par le sentiment d'une grande puissance si on est de taille à relever les défis, soit par un sentiment d'impuissance, d'écroulement, de mort.


Dans ce dernier cas, l'individu peut connaître des phases dépressives plus ou moins marquées. Il s'en sortira par la compréhension des enjeux en place, l'aide et le soutien qu'il trouvera et l'énergie qu'il lui sera possible d'activer.


S'il n'est pas en mesure d'y faire face, l'énergie plutonienne s'exprime à l'intérieur et opère son travail de destruction à travers la psyché, ce qui mène à une destruction de son véhicule, le corps.


Tout individu connaît des périodes marquantes dans son chemin de Vie, où les forces de changement et de mort symboliques s'activent d'avantage: c'est le cas quand le transit de Pluton forme un aspect de tension avec un ou plusieurs des éléments suivants:

  • le Soleil

  • La Lune

  • Saturne

  • L'Ascendant


En fonction du thème natal, ces transits seront plus ou moins déstabilisants. Ils pourront devenir source de force, de régénération...ou de Mort.

Rappelons que ce sont des transits très lents, qui s'étalent sur plusieurs années. Le mal-être se distille insidieusement.

Le point culminant dure entre 1 et deux ans. C'est suffisant pour avoir le sentiment qu'un pan de vie est coincé.


Voici deux exemples célèbres de destins plutoniens tragiques: l'archiduc Rodolphe de Habsbourg et la chanteuse populaire Dalida.



Rodolphe de Habsbourg, le triste héros de Mayerling

Fils unique de l'Empereur François-Joseph d'Autriche et de son épouse Élisabeth, dite Sissi, Rodolphe est connu pour sa fin tragique: le 30 janvier 1889, il se donna la mort dans le pavillon de chasse de Mayerling, en compagnie de sa très jeune maîtresse, Marie Vetsera, 17 ans à peine.

D'aucuns ont mis cela sur le compte de la passion contrariée et une aura de romantisme morbide entoure les protagonistes. Il n'en n'est rien. La réalité est bien plus banale et impitoyable.




Quand Rodolphe naît le 21 août 1858, la structure de son thème natal est en rapport de force avec celui de son père, François-Joseph. Et c'est ce qui marquera leurs liens! Face au monarque conservateur, jaloux de son autorité et très respecté, voire vénéré par ses peuples, se dresse un héritier impétueux, visionnaire et progressiste, avide de donner sa réplique sur la scène impériale.


Rodolphe est Lion ascendant Gémeaux. Regardons son énergie plutonienne: Pluton est en Taureau et en Maison XII, une zone très karmique du thème. Il est en tension avec le Milieu du Ciel et Saturne en Maison IV.

Traduction: "Qu'est-ce que je fais de ma Vie? Comment je me réalise?"


Au moment de sa fin tragique, Rodolphe est dans un cycle plutonien très actif. La planète est à 4° dans le signe des Gémeaux, en conjonction à son Ascendant et en tension avec son Soleil natal.


Pluton transite donc dans la Maison 1 de Rodolphe. C'est une période qui ouvre un nouveau cycle d'évolution, avec une crise identitaire. On ressent des impulsions à se libérer d'un passé qui enchaîne, qui peut être source de stagnation. Elles peuvent s'avérer angoissantes si l'on sent que les fondements de sa vie, de sa réalité, sont menacés.


LA CLÉ serait de pouvoir suivre son instinct. Ramenons ce principe à la réalité de Rodolphe: ce transit en Gémeaux relance son envie de pouvoir, de s'imposer en tant que tel. Et en Gémeaux, il a besoin que sa voix, sa parole, portent. Il a besoin de développer sa vision, son système de pensée. Il trouve son père dépassé, il n'approuve pas sa politique et ne se cache pas pour le dire, stimulé par Pluton qui le pousse à contrecarrer l'Empereur. Bien plus, il écrit, il collabore à un journal subversif, sous l'anonymat. Du moins, il le croit.


Il est en crise. Une crise identitaire qui l'oppose violemment à son père et qui est exacerbée par le contexte et sa situation familiale. Il n'est pas un simple particulier, il est l'héritier et il a envie de régner.


Suivre son instinct, c'est se débarrasser de son père. A t'il comploté pour qu'il soit déposé? En tout cas les chose sont allées très loin. La police impériale en savait assez pour que François-Jospeh convoque Rodolphe dans son bureau. De quoi ont-ils parlé? Tout ce que l'on sait, c'est que la discussion fut houleuse et on entendit même l'Empereur courroucé menacer son fils rebelle de le déshériter.


"Qu'est-ce que je fais de ma Vie? Comment je me réalise?"

Rodolphe ressort de là, tête basse. Le sentiment d'impuissance est terrible et les jours qui suivirent, il s'enferma et s'isola. C'est la caractéristique des êtres qui sentent qu'ils ne peuvent, ne savent modifier ce qui doit l'être. Il venait de réaliser qu'il n'avait pas la possibilité d'échapper à son destin, celui d'un héritier sans pouvoir, sans personnalité, sans substance, inexistant, insignifiant. Concrètement, il n'en n'avait pas la possibilité. Son statut d'héritier lui liait les mains.


À ce moment là, l'énergie en place peut s'illustrer ainsi: " Tu ne peux pas déverrouiller la porte. Tu restes à fond de cale et tu te noies".


L'archiduc Rodolphe se tira une balle dans la tête le 30 janvier après avoir tué Marie Vetsera. Quelques jours auparavant, il avait sollicité une autre de ses maîtresses pour l'accompagner dans son dernier voyage. On est bien loin de l'histoire d'amour...





Dalida, à l'amour, à la mort


Dalida est morte du manque d'amour, le 3 mai 1987. Seule dans sa maison de Montmartre, endormie avec un puissant mélange de whisky/barbituriques.


Depuis plusieurs mois, elle fermait doucement sa porte et ce soir là, elle avait congédié son personnel.

Sa relation amoureuse avec son beau médecin s'étiolait, il était de moins en moins présent.


Ce 3 mai 1987, Pluton en Scorpion formait un carré exact avec son Saturne natal en Verseau et Maison 5, celle des Amours et des Enfants.

Ce 3 mai 1987, Pluton était conjoint à sa Junon en Scorpion, en Maison 2 Balance.


Gâtée par la vie matérielle et professionnelle, Dalida reçut dans sa corbeille un thème amoureux gouverné par Pluton, difficile, dur, exigeant, marqué par le deuil et l'abandon.





Un Soleil en Capricorne dans la Maison V des Amours en opposition à Pluton en Cancer et en carré avec Junon en Scorpion et Uranus en Maison VIII.


Très marquée par la douloureuse relation paternelle, Dalida vécut des attachements forts où elle pouvait se perdre. La recherche d'un homme "colonne vertébrale" la maintenait en dépendance affective. Mais ses partenaires étaient soit fragiles psychologiquement, soit pas en mesure de s'engager comme elle l'aurait souhaité.


Le thème de Dalida affiche une grande vulnérabilité émotionnelle: le Soleil est le maître de la Maison XII avec un Neptune mal aspecté, véritable "aspirateur émotionnel". Elle recherche une communion avec ses partenaires mais au prix de sa propre lumière.


Face à ce Soleil perturbé, Pluton s'affiche en Maison XI, lieu d'indépendance et d'individualité: les relations doivent se vivre sans le sentiment d'appartenance parce le natif doit apprendre à découvrir son rapport à la liberté, à travers elles. Les grandes transformations s'opéreront là, au moyens d'épreuves dont la brutalité est soulignée par Uranus: si elle n'apprend pas la liberté relationnelle, la vie s'en chargera. Cruel destin? Non, c'est seulement par ce biais qu'elle obtiendra l'amour inconditionnel tant recherché et si mal compris.


Mais que c'est difficile avec un Soleil en Capricorne, une Vénus en Capricorne qui a besoin d'engagement et surtout une Junon en Scorpion si passionnée...

Belle et magnétique, la chanteuse suscita des attachements forts mais attira à elle des hommes fragilisés dont plusieurs connaîtront une fin tragique par suicide. Elle en fut très affectée et perturbée.


Le drame de Dalida, c'était de ne pas réussir à construire le foyer solide dont elle rêvait. Elle s'était construite autour de la frustration dans ses attachements. Cela démarra avec son père qui ne put remplir son rôle protecteur auprès d'elle. Interné dans un camp pendant la 2e Guerre Mondiale, il en était revenu affaibli, dépressif et perturbé psychologiquement... comme les hommes qui croiseront plus tard la route de l'artiste.


Dalida recherchait donc un amour stable et sécurisant mais son défi plutonien consistait à le vivre à travers une meilleure affirmation de son indépendance. Elle n'y parvint pas malgré des tentatives d'ouverture spirituelle en Inde pour tenter d'intégrer les principes boudhistes de non-attachement.


C'est une énième histoire d'amour inaboutie qui aura raison d'elle. La maturité rend Dalida de plus en plus vulnérable. Son amant du moment ne veut pas s'engager et se montre peu présent. La chanteuse est dans l'impossibilité de remplir son contrat plutonien et la phase dépressive est à son point culminant. Comment activer une liberté quelconque quand la solitude saturnienne pèse si lourd?



À cette période, Pluton est à 8° dans le Scorpion, en conjonction avec sa Junon et en tension avec son Saturne.

"Peut-on construire un couple authentique et libre sur une base passionnelle?"


En Maison 2, le transit de Pluton indique qu'il est temps de développer de nouveaux modes de relations tournées vers l'autonomie et l'auto-suffisance. Sinon, on vit des pertes et surtout, la résistance aux défis plutoniens entraîne, on l'a vu, des problèmes psychiques. Des mémoires karmiques non purgées sont révélées;


Avec un thème marqué par une forte énergie de Terre, Dalida a du mal à recréer autre chose. Même sa quête spirituelle en Inde n'a pas suffi.

Elle ne sait pas comment réinventer.

Elle ne sait pas comment vivre l'amour différemment.

Aimer est devenu un fardeau, une souffrance parce qu'elle ne parvient pas à la légèreté qui lui serait bénéfique. Tout est lourd chez elle: ses exigences, ses attentes, son amour, tout... D'ailleurs elle s'isole de plus en plus, comme un animal blessé.


Quand on ne parvient pas à pousser la porte de Pluton, il y a une grande sensation de descente, de toucher le fond. Cela provoque une dépression plus ou moins passagère.


Quand un point névralgique du thème est touché, l'envie de survivre est menacée: le blocage de Pluton empêche la régénération, on perd la main et l'évolution est bloquée. L'expression la plus juste est "au bout du rouleau".



Le thème de Dalida est difficile à interpréter mais très riche d'enseignement. Pluton lui mit cruellement en corrélation la mort et la liberté. Surmonter l'une pour gagner l'autre était un défi de taille. Seul un profond travail intérieur aurait pu l'apaiser mais elle l'avait entrepris avec un amant et le cessa quand la relation prit fin. Compte tenu de son passé, de son profil, de son environnement et des drames qui jalonnèrent sa vie privée, c'était quasiment mission impossible. Ne pouvant gagner la liberté, il ne lui restait que la mort.




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